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les maîtres chanteurs

des tapageurs ; les apprentis viennent à plaisir augmenter la confusion, tout le monde parle à la fois, on s’exaspère, on se dispute, les coups sont lancés à tort et à travers, la mêlée est générale.

Tout à coup un son de trompe se fait entendre au loin et, comme par enchantement, la foule se disperse, chacun rentre chez soi, les fenêtres se referment, et le veilleur de nuit qui se frotte les yeux, croyant avoir rêvé, s’avance dans la rue déserte.

— La onzième heure vient de sonner, gardez-vous des spectres et des lutins, chante-t-il, tandis que la lune montre sa large face derrière un pignon pointu.

La toile se relève sur l’intérieur de Hans Sachs. Walther, qui a passé la nuit sous le toit du cordonnier, entre dans l’atelier, abattu, découragé, car le jour qui se lève c’est celui de la fête et du concours : tout espoir d’obtenir Eva est donc perdu.

— Voyons, dit Sachs, ne renoncez pas encore, faites-moi un poème sur le rêve, par