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l’anneau du nibelung

étend en tous sens ses rameaux verdoyants qui soutiennent la toiture de toile. Pour foyer une large pierre ; sur la terre nue, quelques peaux de bêtes et, pour clôture, une haute porte, faite de troncs d’arbres.

La tempête se déchaîne au dehors ; Siegmond, que semblent poursuivre toutes les colères du ciel, entre en chancelant et vient tomber exténué près du foyer.

Une jeune femme attirée par le bruit paraît alors et se penche vers l’étranger avec compassion et surprise ; puis, elle lui offre pour le ranimer une corne pleine d’hydromel.

Siegmond lève les yeux vers elle, leurs regards se rencontrent alors et plongent l’un dans l’autre, longuement, avec une émotion pleine de trouble. Mais le jeune homme se relève brusquement.

— Adieu ! adieu ! s’écrie-t-il, je porte le malheur partout où je suis ; qu’il soit au moins éloigné de toi !

— Ah ! reste, répond-elle vivement ; le