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acte deuxième

C’est ainsi que Satan se rit de moi, parce que jadis je m’efforçai vers la sainteté, tourment cruel ! tourment du désir indompté, ardeur infernale des instincts les plus tyranniques que j’ai su contraindre à un silence de mort. Rit-il de moi maintenant et me raille-t-il par ta bouche, à toi, fiancée du diable ? Prends garde, le mépris et la raillerie, quelqu’un l’a déjà expié, Celui qui jadis me rejeta de lui, l’orgueilleux fort dans sa sainteté, sa race est aujourd’hui en mon pouvoir, et le gardien du safnt des saints doit languir non racheté. Bientôt je pense, je garderai moi-même le Graal ! ha ! ha ! il te plaisait Amfortas, le héros que je t’ai adjoint pour ta joie !

— Ô douleur ! douleur ! gémit Kundry, lui aussi faible, faibles tous, tous déchus avec moi par ma damnation. — Oh ! éternel sommeil, seul salut, comment t’atteindre ?

— Ah ! celui qui te résisterait te délivrerait ; tente l’expérience sur l’enfant qui s’approche.

Déjà Kundry lutte plus faiblement.