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acte deuxième

qui couvraient son esprit se déchirent soudain ; le sens de tout ce qu’il a vu, il le comprend maintenant : il vient de sentir s’allumer dans son propre cœur le brasier dévorant qui brûle celui d’Amfortas.

— La blessure ! la blessure ! s’écrie-t-il, elle brûle en mon cœur. Ô plainte ! affreuse plainte ! elle crie vers moi du plus profond de mon être. Ici, ici au cœur est l’incendie, le désir ardent, le désir terrible, effréné, qui saisit tous mes sens et les subjugue ! Ô tourment de l’amour ! comme tout l’être frémit, tremble et tressaille dans une convoitise coupable !

Et il revoit Amfortas devant le Graal ; et l’horreur du sacrilège, la torture du pécheur, il les comprend maintenant.

— Héros superbe ! fuis l’illusion, sois gracieux à l’approche de la grâce, dit la tentatrice pleine d’une admiration passionnée.

Et lui, toujours prosterné à ses pieds, la regarde fixement, tandis qu’elle fait briller pour lui toutes les séductions de sa beauté.

— Oui ! dit-il, cette voix ! c’est ainsi qu’elle