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richard wagner

ce que c’était, avec d’autres morceaux ; elle me le laissa jusqu’à la prochaine leçon, parce qu’il l’embarrassait.

J’avais assez mal profité des leçons, et j’étais une pianiste des plus médiocres ; cela n’empêcha pas qu’en déchiffrant de la façon la plus incomplète, la plus informe, cette partition inconnue, je fus toute bouleversée : une sorte d’intuition me révéla, à travers les erreurs sans nombre, le sens et la grandeur de ce poème et de cette musique. Je ne pouvais m’arracher du piano ; j’en devins insupportable et mes proches impatientés s’efforcèrent en vain de me soustraire la partition.

À partir de ce moment, Richard Wagner eut un fidèle de plus.

Lorsque dans les derniers mois de 1868 j’écrivis quelques articles sur ses œuvres, je ne les connaissais encore que très imparfaitement, par des exécutions, plus au moins bonnes, au piano et quelques fragments entendus aux concerts populaires. Aussi fus-je très effrayée de mon audace, après avoir adressé à Wagner,