Page:Gautier - Spirite (Charpentier 1886).djvu/231

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-d’œuvre digne de servir de porte au chef-d’œuvre d’Ictinus et de Phidias, avec un sentiment d’admiration religieuse ; il avait presque honte, lui barbare d’Occident, de marcher avec des bottes sur ce sol sacré.

Au bout de quelques pas, il se trouva devant le Parthénon, — le temple de la Vierge, — le sanctuaire de Pallas-Athénè, la plus pure conception du polythéisme.

L’édifice se déployait dans la bleue sérénité de l’air avec une placidité superbe et une majestueuse suavité. Une divine harmonie présidait à ses lignes, qui, sur un rythme secret, chantaient l’hymne de la beauté. Toutes, doucement, tendaient à un idéal inconnu, convergeaient vers un point mystérieux, mais sans effort, sans violence, et comme sûres de l’atteindre. Au-dessus du temple, on sentait planer cette pensée vers laquelle l’angle des frontons, les entablements, les colonnes aspiraient et semblaient vouloir monter, imprimant d’imperceptibles courbes à l’horizontal et au perpendiculaire. Les belles colonnes doriques, drapées dans les plis de leurs cannelures et un peu rejetées en arrière, faisaient rêver à de chastes vierges qu’alanguit un vague désir.

Une couleur blonde et chaude enveloppait la façade dans une atmosphère d’or, et, sous le baiser du temps, le marbre avait pris une nuance vermeille et comme une rougeur pudique.