Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/209

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romains, dans une galerie ornée de plantes rares, de vases grecs et de peintures décoratives. Les personnages étaient de grandeur naturelle et les femmes étalaient toutes les recherches de ce mundus muliebris, thème d’invectives pour les moralistes et les poëtes satiriques. Leurs types, d’une beauté délicate, avivée par les artifices de la coquetterie antique, beaucoup plus compliquée que la coquetterie moderne, offraient ces expressions de blasement profond, de dédain aristocratique et de perversité frivole caractéristiques des époques de décadence. On comprend le parti qu’avait tiré le jeune peintre de ces bijoux, de ces coiffures, de ces tuniques, de ces broderies et de tout ce luxe chatoyant et discord auquel il avait su donner de l’harmonie par l’ingénieux emploi de tonalités conciliatrices, comme les Orientaux qui empêchent le choc de couleurs ennemies au moyen d’un simple fil d’or ou d’argent.

Le Marchand d’esclaves, traité dans la dimension historique, avait obtenu beaucoup de succès à l’un des salons précédents. On y remarquait cette intelligence des types exotiques qui était une des qualités de l’artiste. C’est là un