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dans une salle voisine du musée assyrien, permet de comparer les deux attitudes. La nouvelle pose ne change pas essentiellement la physionomie de la célèbre statue, mais elle la modifie cependant d’une manière appréciable, même pour un œil peu attentif.

L’Académie des beaux-arts a été convoquée pour délibérer sur cette question, une des plus délicates et des plus intéressantes qui puissent se poser devant une assemblée de sculpteurs, de peintres et de critiques.

Il nous a été permis d’entrer au Louvre et nous avons pu comparer l’ancien moulage et le moulage nouveau, après avoir longtemps contemplé la statue originale replacée provisoirement dans l’attitude connue. Remise d’aplomb sur la base de ses hanches, la Vénus semble plus jeune et plus svelte. Elle n’a pas ce gracieux abandon et cette voluptueuse langueur que lui donne l’affaissement de la pose penchée. Ce n’est plus la Vénus « adorablement épuisée » dont parle Gœthe ; elle est moins femme et plus déesse.

La joie du triomphe étincelle dans son fier maintien, qui explique la direction tant controversée des bras absents. M. Raoul Rochette a supposé