Page:Gautier - Tableaux de Siége.djvu/50

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Dans la salle d’attente, des soldats, des marins, les manches de chemises retroussées, enduisaient d’un vernis composé d’huile grasse, de litharge et de caoutchouc, le ballon qui devait partir le lendemain. Le gaz tend toujours à s’échapper de l’enveloppe qui le renferme, laissant pénétrer une quantité équivalente du milieu où il plonge, par ce phénomène appelé par les physiciens endosmose et qui explique la communication des cellules entre elles. Pour sécher le vernis, on gonfle les ballons au moyen d’une sorte d’éolipyle, à l’aide d’une roue garnie de palettes qui, mue à la manivelle, chasse l’air avec force dans l’intérieur du globe distendu. De ces aérostats, Nadar, Dartois et Yon se chargent d’en livrer un par jour et même davantage s’il est besoin.

Maintenant, toutes les imaginations lèvent le nez en l’air. On ne rêve que ballons ; on interroge le vent, on sonde les profondeurs du ciel. Les chimériques et les savants n’ont qu’une même idée, la direction des aérostats. Nadar dit plus lourd que l’air, d’autres cherchent la légèreté. Victor Hugo, dans son Plein ciel, a donné le plan de son aérostat, et voici que M. Dupuy de