Page:Gautier - Théâtre, Charpentier, 1882.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA FEMME DE DIOMÈDE


PROLOGUE

Récité par mademoiselle Favart, le 15 février 1860, à l’inauguration de la maison pompéienne du prince Napoléon



Arria, couchée sur un lit de repos, dans un sommeil léthargique.

Ai-je dormi ?… mais non… j’étais morte ! Nul rêve
Ne traversait la nuit de mon sommeil sans trêve.
Le Mercure funèbre avait, aux sombres bords,
Il me semble, conduit mon ombre ;… pour mon corps,
Au fond du souterrain dont la voûte s’écroule,
Les laves du Vésuve en conservaient le moule.
Je serrais sur mon cœur mon coffret à bijoux,
Dans ma fuite… L’écrin les renferme encor tous !

À remonter le temps que Mnémosyne m’aide !
Oui… j’étais Arria, femme de Diomède.
J’habitais un palais pour sa splendeur vanté ;
Les dieux régnaient alors… On chantait ma beauté,
On m’aimait, quand survint l’affreuse catastrophe !
Mais rajustons un peu les plis de cette étoffe,
Secouons-en la cendre avec le bout du doigt ;
— Ce péplum chiffonné ne va pas comme il doit ! —
Voyons, dis, mon miroir, suis-je toujours jolie ?
Ne vaudrait-il pas mieux rester ensevelie ?