Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/60

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Lovelace ? Son habit tourterelle, sa veste gorge de pigeon, son bas de soie bien tiré, sa bourse, son épée d’acier et son claque lui donnent une tournure coquette et triomphante qui lui va on ne peut mieux ; on le prendrait pour un marquis ou pour un faiseur de tours, tellement il a de belles manières. Comme il fait l’œil à cette petite niaise ! comme il marche sur la pointe des pieds, les coudes en dehors, le nez au vent, la bouche en cœur ! comme il se rengorge et fait la roue ! comme il ponctue chaque phrase d’un adorable petit soupir respectueusement poussé ! Il lui présente la main. Remarquez, je vous prie, comme son petit doigt est agréablement écarquillé, et son index posé de façon à faire briller un magnifique solitaire admirablement enchâssé ! Ah ! le scélérat ! ah ! l’hypocrite ! Quel comédien parfait ! Une femme ne feindrait pas plus habilement. Quel adorable monstre cela fait ! N’est-ce pas, Desdemona, le jeune lieutenant Cassio n’avait pas meilleure mine et n’était pas plus aimable ?

DESDEMONA.

Magdalena, vous êtes d’une impertinence sans égale, et, en vérité, vous vous souvenez un peu