Page:Gautier - Une larme du diable.djvu/80

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ALIX.

Au lever de la lune ! Il me semble que je ne vis que depuis une heure. Je suis née au moment où je l’ai vu ; les autres années de mon existence se sont passées dans les ombres de la mort.

BLANCHEFLOR.

Je sens un trouble extraordinaire.

ALIX.

Je ne sais ce qui se passe en moi.

LA MAIN DE BLANCHEFLOR.

Croyez-vous, Blancheflor, que, belle et bien faite comme je suis, toute pleine de fossettes, les doigts si effilés, les ongles si roses, j’aie envie de rester éternellement emprisonné dans un gant ? Le meilleur gant pour moi serait la main d’un jeune cavalier qui me serrerait tendrement, le plus bel anneau serait l’anneau de mariage.

LE SEIN D’ALIX.

Ce corset rigide me contraint cruellement et m’empêche de palpiter en liberté. Quand pourrai-je m’épanouir sous des lèvres chéries et me gonfler de lait dans la couche nuptiale ?