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du moyen âge, que l’on voit à chaque angle de rue. Les Calvaires ne sont pas moins nombreux ; les sept instruments de la passion, la croix, la lance, l’échelle, le marteau, les clous, l’éponge, la couronne d’épines, disposés en faisceau, tapissent presque toutes les murailles ; de grands Christs d’un aspect tout à fait patibulaires, teints d’une couleur de chair livide et sillonnés de longs filaments rouges, s’élèvent dans les carrefours et au coin des places ; une lanterne leur tient lieu d’auréole, et ils ont tous une inscription conçue à peu près ainsi : Ex Christo splendor, ou Christus dat lucem, sur toutes les variations possibles ; on ne peut se figurer l’effet fantastique que font au clair de lune, dans la brume du soir, ces figures, de grandeur naturelle, avec leur lanterne rougeâtre, qui semble un œil de cyclope ouvert dans la nuit.

J’avais vu chez Roger de Beauvoir, sur son album, un dessin très-fantastique d’Alphonse Royer, représentant une immense tache d’encre, avec cette pompeuse inscription : Anvers la nuit. Rien ne s’opposait à ce que ce fût Constantinople