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morne et désert contrastait si fort avec l’idée d’animation et de bruit que je m’étais faite de Londres, que je ne revenais pas de ma surprise ; enfin je me souvins que c’était dimanche, — et l’on m’avait vanté les dimanches de Londres comme l’idéal de l’ennui. — Ce jour-là, qui est chez nous, du moins pour le peuple, un jour de joie, de promenade, de toilette, de festins et de danse, de l’autre côté de la Manche se passe dans une tristesse inconcevable. Les tavernes ferment la veille à minuit, les théâtres ne jouent pas, les boutiques sont closes hermétiquement, et, pour qui n’aurait pas fait ses provisions la veille, il serait très-difficile de trouver à manger ; la vie semble être suspendue. Les rouages de Londres cessent de fonctionner, comme ceux d’une pendule lorsqu’on met le doigt sur le balancier. De peur de profaner la solennité dominicale, Londres n’ose plus faire un mouvement, c’est tout au plus s’il se permet de respirer. Ce jour-là, après avoir entendu le prêche du pasteur de la secte à laquelle il appartient, tout bon Anglais se claquemure