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beaucoup de fidélité. Je puis dire que je connais tous les monuments de l’Europe comme si je les avais vus, et même beaucoup mieux. Je sais par cœur les églises et les palais de Venise, où je n’ai jamais mis les pieds, et même j’ai écrit une description de cette dernière ville tellement exacte, qu’on ne veut pas croire que je n’y ai pas été. Les beautés d’une ville consistent dans des rues ou des places trop larges bordées de maisons neuves et régulières : c’est toujours ce que l’on m’a fait voir en pareille occasion.

Ce qui me frappa d’abord, c’est l’immense largeur des rues côtoyées de trottoirs où vingt personnes peuvent marcher de front. Le peu d’élévation des maisons rend encore cette largeur plus sensible. La rue de la Paix de Paris ne serait là-bas qu’une rue assez étroite ; le pavé de bois, dont on a fait chez nous un essai de quelques toises, est généralement adopté à Londres, où il résiste parfaitement à une circulation de voitures trois fois plus nombreuse et plus active que celle de Paris. Les roues