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bord du ciel en toutes sortes d’attitudes gauches et difformes ; leurs épaules bossues, leurs mamelons ridés sont couverts d’une lèpre de mousse glauque d’une aridité désolante ; la glaise verdâtre comme une chair qui commence à pourrir, l’ocre aux teintes rousses pareilles à du sang extravasé, la craie et le tuf, avec leur blancheur d’ossements, zèbrent affreusement leurs flancs décharnés : on dirait des cadavres de collines dépouillées de leur peau de terre végétale ; et jetées là par la main de quelque écorcheur gigantesque ; digne encadrement aux scènes que nous avons à décrire.

Un ciel hâve, plombé comme le teint d’un fiévreux de la Maremme, allourdi par les miasmes délétères qui montent de toutes parts, et si bas, qu’il semble prêt à trébucher sur votre tête, recouvre cette misère et cette désolation de sa coupole enfumée. Des nuages épais fouettés par une bise aigre et stridente rampent péniblement sur la ligne de l’horizon, et montrent au-dessus des collines leurs muffles bouffis, comme des phoques monstrueux qui sortent