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Le profil de l’ours acculé surpasse en laideur les faces les plus monstrueuses. Cela tient du cochon et du brochet ; le nez est long, busqué, cambré en dedans, avec une narine rebroussée formant au bout du museau une espèce de bourlet tuberculeux ; la mâchoire inférieure ressemble à une mâchoire de poisson ; un petit œil rond, un œil de rat ou de taupe, bleuâtre dans la lumière, fauve dans l’ombre, complète cette gracieuse physionomie. Cette tête mince, osseuse, effilée, sortant de cet énorme paquet de poil, produit l’effet le plus étrange : on dirait une levrette passant à travers un bonnet de garde national effondré, ou un merlan enveloppé avec de la laine. Le combat de l’ours et des chiens n’eut d’autres résultats que quelques soufflets solidement appliqués pour ceux-ci et quelques flocons de poil arraché pour celui-là.

Le fameux taureau d’Espagne, que nous soupçonnons violemment n’avoir pas besoin de lettre de grande naturalisation, remplaça l’ours dans l’arène. Fidèle à l’ancienne gravure de l’affiche, il fit voler beaucoup de chiens et de