Page:Gautier - Zigzags.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 57 —

objets, et même noter d’heure en heure la teinte et la forme des nuages, et si je n’étais retenu par une honte virginale, j’écrirais des choses comme ceci :

Le ciel est beaucoup plus grand que je ne croyais (le plus grand morceau de ciel que j’eusse jamais vu est celui qui sert de plafond à la place de la Concorde) ; les hommes ne sont pas bleu-de-ciel et les chevaux jaune-serin ; il existe donc quelque chose hors de la banlieue, et la terre ne vous manque nulle part sous les pieds ! il y a donc des gens qui ne vivent pas à Paris, qui n’ont jamais vu Paris, qui ne verront jamais Paris !

Je savais bien vaguement qu’il y avait par là toutes sortes de parties du monde, qu’on appelle l’Europe, l’Asie, l’Amérique et l’Afrique ; mais, à vrai dire, je n’y ajoutais pas grand’foi, et je pensais au fond de l’âme que c’étaient des bruits qu’on faisait courir.

J’entrai dans Mons avec cette idée saugrenue, assez pareille à celle qu’ont les provinciaux en visitant la bibliothèque du Roi… Est-ce que la vie