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mettre au nombre d’un parti, d’une tribu sauvage. Il n’a pas abandonné son projet de vengeance, comme on le verra et comme on l’a déjà vu.

Dans ces tribus sauvages nomades, il se trouve toujours de ces êtres faibles et remplis de passions. C’est vers eux que Mélas devait aller leur tendre la main en s’en faisant des séides fidèles : il flatterait leurs passions, et il pensait bien pouvoir réussir. Il allait mettre à profit les mauvais instincts de la nature humaine.

Après quelques jours de recherche et d’examen, il crut avoir trouvé ses hommes. La Chouette et le Brochu, deux sauvages à la figure rébarbative, aux appétits grossiers et ivrognes fieffés, lui parurent avenants. La connaissance se fit promptement ; il parla peu, mais il sut agir beaucoup. Une année ne s’était pas écoulée qu’on l’avait admis au nombre de la tribu après toutes les formalités, toutes les cérémonies requises en pareil cas. Le temps coula ainsi en trames méditées et en projets de vengeance.

Un jour Mélas partit du village ; il fut un mois absent. Quand il revint, il paraissait plus gai. C’est alors qu’il travailla à s’assurer ses deux alter ego.

L’hiver 1818-19 se passa à la chasse où Mélas montra plus d’adresse que par le passé, car l’habitude est la grande chose, et il commençait à s’y faire. Le mois d’août venu, on vit partir du village Mélas et ses deux acolytes, en canot sauvage. La cabane resta so-