Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/143

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au village et salue les villageois qui le regardent passer avec compassion.

Pauvre enfant ! arrête, il en est encore temps. Tu as donc bien hâte de pressurer ton cœur, un être dont l’intelligence est obscurcie ne comprendra pas la douleur. Tu es donc bien pressé de voir des ruines partout, d’apprendre que cette enfant, ta chair et ton sang, n’est plus là du moins pour consoler ton cœur du triste spectacle qui l’attend.

Il avance, et à mesure qu’il approche, la joie fait place à un pressentiment qui met une ride à son front.

Les feuilles tombent toujours et le vent les emporte dans son tourbillon jusque dans les champs et le chemin ; les oiseaux ont fui les bocages dépouillés, et seuls les goélands, sur la grève, lancent dans les airs leurs cris rauques et monotones.

Enfin, il débarque au pied de cette demeure où vit tout ce qu’il adore. Personne ne vient au-devant de lui ; la maison a l’air d’un tombeau. Cette arrivée lui glace le cœur, Alexandrine ne m’a pas vu, dit-il. Quelle joie ! comme elle va sauter de surprise et de bonheur en me voyant.

Trois coups secs et nerveux réveillent les échos de la demeure de George. Des pas lents se font entendre à l’intérieur et une main débile ouvre la porte.