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au-massacre, une cabane de sauvage, érigée au pied d’un cran. Ils arrivèrent donc, en se dissimulant, à l’Îlet-au massacre, et y attendirent le baissant pour se rendre à Betsiamites où ils devaient rejoindre la tribu.

L’enfant fatiguée, s’était endormie ; mais à peine eut on touché à terre, qu’elle s’éveilla et commença à pleurer. Mélas pâlit ; il craignait que les cris de l’enfant fussent entendus. Prenant une vieille couverture, il en couvrit la tête de l’enfant dont les cris se trouvèrent éteints, et tous rentrèrent sous les voûtes sombres de la caverne, célèbre par le massacre de sauvages qui s’y étaient réfugiés. C’est une grotte peu spacieuse, suintant l’humidité et rendue dangereuse par les blocs de pierre qui peuvent parfois s’en détacher. La pauvre petite Armande pleurait toujours, et on entendait distinctement le cri de « maman, » à travers ses sanglots. Mélas, les yeux rivés sur ce petit corps frêle et tout frissonnant de l’air humide de la grotte, ne paraissait pas plus ému que le rocher auquel il était adossé.

Le Visage-pâle a le cœur dur comme une pierre à fusil, car il semble ne pas écouter la plainte de la colombe ravie au colombier, dit la Chouette.

— Ainsi je fais avec mes ennemis, répond Mélas. Laisse la colombe pleurer ; quand elle sera épuisée, elle taira ses cris.

La Chouette eut un regard compatissant pour l’enfant.

Horreur ! un sauvage non civilisé, un enfant des