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les nids d’oiseaux. J’avais besoin de connaître quelqu’un qui souffre pour lui dire tout ce que j’ai dans la cœur ; c’est quelque chose que je ne comprends pas ; c’est un je ne sais quoi qui me porte vers toi à cette heure, et me dit de rester près de toi pour jouir, pour ne plus rien désirer que ta présence, loin des yeux, seule avec toi. Dis-moi, toi qui souffres, comprends-tu ce qui se passe en moi ?

Mon Dieu, se dit il en lui-même, se pourrait-il que son cœur se sentirait déjà attaché à moi.

— Fleur-du-mystère, ce qui est en toi, et que tu ne sais pas bien définir, c’est un sentiment qu’on appelle l’amour, c’est Dieu qui nous donne ce sentiment pour aimer et faire, par ce moyen, notre bonheur ici-bas.

Amour ! Dieu ! il ne faut pas que j’oublie ces deux mots là. Dieu ! Qu’est-ce que c’est que Dieu ?

— C’est un esprit supérieur, qui est invisible. Il réside au-dessus de nos têtes ; il punit les méchants et récompense les bons.

— Il fait comme le chef, donc ?

Oui. Tout ce que tu vois : les oiseaux, les fleurs, le ciel, les arbres, cette vaste nappe d’eau, ces beaux poissons dorés, tout ce qui frappe tes yeux, jusqu’à moi, c’est lui qui a tout fait, tout créé. C’est encore lui qui a fait ton cœur, y a placé l’amour, et ta vie toute entière est un bienfait de sa bonté. Par lui, tu vis ; on n’est rien, sans lui.

— Que j’aime à t’entendre parler ainsi. Ta voix est plus douce aux oreilles de mon cœur que la voix