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À ces heures qui comptent dans l’histoire d’un peuple, à ces époques de troubles, apparaissent des hommes aux idées larges, aux conceptions magnanimes, à l’âme de bronze, au courage de lion, autant de qualités que les uns emploient au bien, les autres au mal.

La Révolution Française avait produit Murat, Danton, Robespierre et Barnave ; l’Irlande opprimée avait vu surgir Grattam et O’Connell ; les exactions des Anglais chez nous, leur tyrannie basse et vile envers les Canadiens firent naître sur la scène politique Lafontaine, Morin, Papineau, Nelson et Girouard, tous des intelligences d’élite, des cœurs remplis de l’amour de la patrie. On les vit se multiplier et agir pour améliorer le sort de leurs compatriotes.

L’excitation se faisait sentir. Un courant d’idées d’indépendance commença à parcourir les masses exaltées par des discours patriotiques, inspirés par le plus grand zèle pour le bien du pays. Aux bruits sourds qui couraient dans l’air, les pasteurs levèrent la tête, et du haut de la chaire de vérité tombèrent des paroles de paix qui invitaient les populations à l’obéissance, à la subordination et au repos.

La grande voix de Monseigneur Lartigue, évêque de Montréal, eût un grand retentissement par tout le pays ; mais elle n’était pas assez forte, ni assez puissante, à cette heure de fièvre et d’excitation, pour arrêter le courant accentué en faveur d’une indépendance prêchée et longtemps rêvée. 1789 se serait-il fait sentir jusqu’ici ?

Papineau, qu’on appelait à tort l’O’Connell du Canada, parcourut toutes les campagnes, faisant des assemblées monstres, où l’on passait des résolutions