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À vos places, crie le capitaine. Il faut s’arrimer de notre mieux pour ne pas perdre de temps. George sur le flanc, à droite avec les demoiselles ; Mélas, vous êtes un gros garçon, à l’avant.

Pauvre Mélas ! Vous n’avez pas vu le coup d’œil qu’il vient de lancer au capitaine. Comme le hasard a de drôles de coups parfois !

— Capitaine, dit Mélas, je suis à vos ordres.

— C’est bien, Monsieur, voyez aux roches !

Et Mélas, rapide, déride son front rembruni un instant, et sentinelle consciencieuse, il se tint à son poste.

Maudit commencement, se dit-il à lui même. Mais espérons ! Tout vient à point à qui sait attendre. Attendons.

L’île se dessine comme un trait noir sur la mer.

Les trois quarts sont couverts de bois. Le défrichement n’a pas fait beaucoup de progrès. On y voit bien quelques cabanes de pêcheurs, voilà tout. On arrive bien vite à l’île ; on y débarque encore plus vite, n’ayant qu’à sauter sur les roches, le long desquelles s’agite la barque facilement maintenue par le capitaine, un vieux loup de mer. Les bords de l’île sont escarpés. On arrive assez difficilement au sommet ; mais rendus là, on voit une vaste plaine soyeuse et verte, dont l’herbe molle nous invite au repos.

Déjà plusieurs ne se sont pas fait prier pour se baigner dans l’herbe touffue, du milieu de laquelle les pois sauvages répandaient une douce odeur qui calmait les sens et l’esprit. Le Notaire Boildieu est un des premiers. C’était un vive la joie que ce notaire là. Le traité des obligations de Pothier ne lui