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Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/83

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noire. Comprends-tu, Alexandrine, combien je t’aime. Ces larmes que tu as vues tomber dans le silence du temple, ces sanglots que tu as entendus, ces prières qui sont tombées de mon cœur en feu, c’est toi qui en est la cause ; car, vois tu, je t’ai vouée mon bonheur comme je t’ai donné mon âme, et le départ me fait voir que tu es devenue une partie nécessaire de moi-même.

— Silence, mon George, lui dit-elle tout bas, ne troublons pas le silence mystérieux du temple. Viens avec moi ; et tous deux, dans l’ombre du soir, au pied de l’autel qu’illuminait faiblement la lueur mourante de la lampe, ils récitèrent ensemble le « Souvenez vous, » cette sublime prière qui réconforte et soulage, qui console et qui fait espérer.

Cette prière terminée, Alexandrine, les yeux baignés de larmes, le cœur gonflé, se penche à l’oreille de son compagnon :

Mon George, dit elle, que mes paroles n’offensent pas Dieu, mais, « je jure devant l’image de ma Mère Immaculée d’être à toi pour la vie ; sinon, j’aimerais mieux mourir. »

George n’eut qu’un serrement de main à donner pour réponse. Ils sortirent du temple.

Rendus à la maison, on se réunit au grand salon, et dans une causerie où dominait une atmosphère pesante et pleine de deuil, on tâche de trouver l’heure le plus gai possible. La conversation est gênée dans sa marche ; on craint de toucher des cordes sensibles et prêtes à se rompre, en se parlant