Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 4.djvu/193

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complète et en même temps collective ; et, de l’autre, qu’on nous dise si une œuvre multiple comme celle-ci aurait pu sortir d’une seule plume ?

Nous faire voir par où nous péchons serait véritablement un soin superflu. Nous n’avons point de fatuité, et savons, comme dit Sancho, où le bât nous blesse. Si donc vous nous parlez de ce qui nous manque, après vous avoir fait remarquer qu’en somme nous avons dépassé nos devanciers, nous vous montrerons, sans morgue, mais aussi sans vergogne, ce que nous avons : nos innombrables et incomparables vignettes, par exemple, lesquelles, bien qu’elles ne disent pas tout, en disent assez pourtant pour épargner mille peines aux Champollion futurs, et leur rendre facile l’histoire intéressante de nos physionomies, de notre esprit, de nos gestes et de nos costumes.

Nous vous montrerons ces pages impitoyablement remplies où se trouve visiblement tout ce qu’on y pouvait mettre, du noir — beaucoup plus que du blanc ; et nous vous dirons enfin que, si, à ces quatre volumes si bien bourrés, il se peut qu’il manque quelque chose, ce n’est rien peut-être qu’un cinquième, dont personne n’aurait voulu, lequel aurait dû néanmoins, à son tour, être complété par un sixième,… etc.

Cercle à jamais vicieux, et sans issue, comme tous les cercles !

Que si, en outre, on veut bien s’inquiéter de la bordure un peu légère de notre cadre, et se soucier de ce qu’ont pu devenir les quelques figures que nous y avions esquissées dans le but innocent de ne pas le laisser tout à fait vide, nous répondrons, dans la joie de notre âme, que rien ne saurait nous être plus agréable, et par conséquent plus facile, que de répondre à une sollicitude aussi flatteuse.

Et, pour commencer, par exemple, par celles qui, étant le plus près de nous, doivent être le moins oubliées, nous dirons que le capitaine est encore, à l’heure qu’il est, en prison, et que ses amis, au nombre desquels on nous permettra de nous compter, après avoir fait de vains efforts pour l’en tirer, ont bien peur d’être contraints — de l’y laisser mourir…

Que le modèle des serviteurs, que le fidèle Baptiste, n’a pas cessé d’attendre son maître, qu’il l’attend encore, et qu’il l’attendra probablement toujours…

Et que, pour ce qui est de Flammèche, puisque nous avons commis une première indiscrétion en vous disant qu’il était amoureux, nous croyons pouvoir en commettre une seconde en vous confiant qu’ainsi qu’il arrive en ces sortes de rencontres, son amour, qui avait eu un commencement, eut une fin, et s’évanouit un jour pour faire place à un autre ;