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Triste événement ! — Monsieur, après vous votre journal, s’il vous plaît.

premier bourgeois. — Volontiers ; le voici. Je vais lire le vôtre. (Ils échangent les journaux.)

second bourgeois. — Il paraît que c’est le gendarme qui a tué l’assassin de Pézénas. Tant mieux !

premier bourgeois. — Grand Dieu ! c’est l’assassin qui a tué le gendarme de Pézénas ! Ah ! tant pis.

second bourgeois. — Baste ! Sa Sainteté est morte.

premier bourgeois. — Allons ! le pape va mieux. (Ils s’éloignent.)

SCÈNE III.
une famille, se promenant lentement.

le père. — Ce qui me frappe et m’enchante le plus à Paris, c’est la complète assimilation que je vois s’être opérée entre le costume et l’extérieur de tous les Français. Il n’y a pas de Parisiens, — pas plus qu’il n’y a de Normands, de Bretons, d’Angevins, de Beaucerons. Montrez-moi dans ce jardin ceux qui sont Parisiens et ceux qui ne le sont pas : impossible ! et pourquoi ?

la mère. — C’est bien simple, tout le monde se fait habiller à Paris.

le père. — Justement. Et puis la facilité des communications. — Qu’on me bande les yeux, et qu’on m’amène ici, je ne saurai pas dire si je suis à Paris, plutôt qu’à Rouen, à Caen ou à Chartres.

le fils. — Il y a d’aussi beau monde sur la place de la Préfecture qu’ici, mon père, le dimanche.

le père. — Nous avons même plus de luxe. Mais comment diable veux-tu qu’il y ait de la différence, puisque nous avons les mêmes