Page:Gayda - Ce brigand d’amour !, 1887-1888.djvu/10

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Ton âme s’épandit en ravissants frissons
Sur tout ce qui palpite, ou vibre, ou chante encore :
Les nids, les frais ruisseaux, la fleur qui vient d’éclore,
Les forêts et les vents apprirent tes leçons.

Puis, dans un vaste chœur groupant chaque murmure
Tu fis la grande voix de l’immense nature
Pour doubler notre joie ou calmer nos douleurs…

Mais l’œuvre où sans compter tu versas l’harmonie,
Euterpe, n’est-ce point l’ardente symphonie
Que l’Amour éternel fait vibrer dans les cœurs ?




TERPSICHORE




L
L
A tunique entr’ouverte et le sein provocant,

Vers les gazons en fleurs Terpsichore s’élance,
Et les pampres vermeils, tout le temps qu’elle danse,
Bondissent sur sa joue et vont s’entre-choquant.

Autour d’elle, ses sœurs du thyrse étincelant
Suivent d’un pied léger la lascive cadence ;
Tandis que des roseaux, les Faunes, en silence,
Dardent sur leurs beautés un regard insolent…

Muse des voluptés et des ivresses folles,
Emporte-moi parmi tes compagnes frivoles,
Berce-moi dans tes bras, endors-moi sur ton cœur ;

Et quand sur les buissons chanteront les cigales,
Au son des tambourins et des doubles crotales,
À chacun de mes maux verse l’oubli vainqueur !




ERATO




T
T
OI qui m’as enseigné le doux parler d’amour,

Ô ma blonde Erato, ma première amoureuse,
Dans le sincère élan de ma jeunesse heureuse,
Lorsque je te donnai mon âme sans retour,

Tu savais cependant qu’arriverait un jour
Où d’autres m’offriraient leur passion fiévreuse,
Et, répandant en moi quelqu’ivresse trompeuse,
Implacables, viendraient me frapper tour à tour.