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plus grand intérêt pour affirmer la naissance, dans un milieu français, de ce réalisme qui va se développer au cours du siècle suivant et dont on est beaucoup trop porté d’ordinaire à faire une création due au génie propre de la race flamande.


tête de femme, pierre, milieu du XIIIe siècle
(Collection de M. Pol Neveu)
En dehors de la sculpture proprement dite, nous avions pu produire aussi pour cette époque le témoignage de quelques pièces empruntées aux arts dits mineurs, et nous ne pouvons nous dispenser de les signaler au moins rapidement ici. C’était d’abord le groupe en ivoire de l’Annonciation, dont les deux exquises et magistrales statuettes, l’Ange à M. Chalandon, la Vierge à M. Paul Garnier, avaient été réunies pour la première fois au Petit Palais en 1900. La parfaite bonne grâce des deux amateurs nous a permis de produire à nouveau cette preuve de l’art admirable qui s’exprime aussi bien dans ces menus chefs-d’œuvre de matière précieuse que dans les grandes figures qui conversent gravement aux porches de nos cathédrales. Certains doutes ont été émis, à la fois par des techniciens et des archéologues, sur l’opportunité du rapprochement des deux figurines. La matière aux uns, aux autres le style, n’ont pas paru absolument identiques. Quoi qu’il en soit, elles sont dignes l’une de l’autre et, à quelques nuances près, c’est bien le même esprit, le même art qui s’y manifeste, art grandiose encore, majestueux et grave, mais tempéré déjà par une recherche de finesse et de grâce plus aiguë,