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Quoi qu’il en soit, une difficulté iconographique subsiste dont il ne faut pas dissimuler l’importance. Ce roi debout, les mains jointes, qui ne saurait guère non
la vierge et l’enfant, statue en bois début du XIVe siècle
(Collection de M. Martin Le Roy)
plus, d’après les habitudes courantes, représenter un donateur en adoration devant une Vierge, nous parait difficilement pouvoir représenter un roi Mage, puisqu’il ne porte pas le présent traditionnel et qu’à cette époque surtout la tradition iconographique est une véritable loi.

Aucun monument, d’autre part, ne subsiste pour nous fournir de point de comparaison immédiat avec cette pièce admirable. L’autel de Bâle au musée de Cluny est beaucoup plus archaïque, la châsse de saint Potentien du Louvre, de style très inférieur, de même que les figures anciennes de l’autel Saint-Jacques de Pistoia, dont la disposition a quelque rapport avec celles du roi de Bourges. Mais il faut songer aussi aux innombrables pièces décrites par les inventaires anciens et lamentablement disparues. Il faut songer aux modèles incomparables que pouvait fournir aux orfèvres, en France surtout, la sculpture du temps de saint Louis et dont cette pièce-ci est très évidemment inspirée. Le rapport en est frappant avec le Childebert du Louvre, avec telle figure aussi du portail de Villeneuve-l’Archevêque, et, pour certaines parties tout au moins, avec les effigies funéraires de Saint-Denis exécutées sous Louis IX pour les tombeaux de ses prédécesseurs. Dans les Jugements