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histoire du mouvement janséniste

qu’elles purent faire, après avoir été sollicitées et tentées de toutes les manières, ce fut de remettre aux grands vicaires, le 28 novembre 1661, un acte qui contenait leurs signatures, mais avec une déclaration préalable qui les rendait absolument nulles. Les grands vicaires comprenaient leurs scrupules et approuvaient secrètement leur attitude, mais ils sentaient bien qu’elles allaient au-devant des catastrophes, et, comme ils auraient voulu les sauver, ils leur proposèrent différents expédients. Le doyen de Contes alla même, après leur avoir dit qu’il prenait le péché sur lui, jusqu’à leur proposer de lui remettre une déclaration catégorique qu’il tiendrait secrète jusqu’au jour où il serait possible d’en faire usage. Cette proposition fut, comme bien l’on pense, repoussée avec horreur par l’abbesse et par toutes les, religieuses, qui s’en tinrent à ce qu’elles avaient fait le 28 novembre. Le ier janvier 1662, ce fut le saint évêque de Châlons, Félix Vialart, qui vint les voir et qui fit les plus grands efforts pour les amener à signer purement et simplement. Il ne put ébranler la nouvelle abbesse, la Mère Madeleine de Ligny, qui venait d’être élue régulièrement, avec le concours des grands vicaires, et qui avait remplacé le 12 décembre la Mère Agnès Arnauld. Six jours plus tard, les religieuses furent affermies dans leur refus de signer par un évènement réputé miraculeux, par la guérison radicale et soudaine de la Sœur Catherine de Sainte-Suzanne, fille de l’illustre Philippe de Champagne. Elle était paralysée depuis quatorze mois elle ne pouvait élever sa main droite jusqu’à sa bouche, et on la portait comme un enfant pour la faire communier. Guérie instantanément, elle descendit sans peine les quarante marches d’un escalier qui subsiste