Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
289
chapitre xv

Pour ramener à ses véritables proportions un chapitre qui pourrait être démesurément long, je crois devoir reproduire ici ce que j’ai dit autrefois dans La Revue des Deux Mondes[1] à propos du frère de Voltaire. Il était, comme l’on sait, janséniste, convulsionnaire, partisan des grands secours ou secours meurtriers. Il a signé, en très bonne compagnie du reste, des procès-verbaux d’invulnérabilité et d’incombustibilité insérés dans le troisième volume de Montgeron. Rien n’y manque, et cependant Voltaire, qui détestait son frère n’a pas osé le traiter de fou. Il ne l’était pas davantage, l’avocat au Parlement Olivier Pinault, qui a publié des ouvrages estimés, notamment une bonne édition des Lois ecclésiastiques du célèbre jurisconsulte de Héricourt[2], et qui fut jusqu’à la Révolution, sous le nom de Frère Pierre, le plus qualifié des convulsionnaires. Il a joué dans ce qu’on appelle l’Œuvre des convulsions, à titre d’acteur, de témoin et d’orateur, un rôle de tout premier ordre, bien plus important que celui du chevalier de Folard. Il a même, au dire de quelques-uns, été crucifié un certain nombre de fois, ce qui ne l’empêchait point d’exercer sa profession d’avocat, de plaider avec succès et d’être très considéré de ses confrères. Or voici, transcrit fidèlement sur l’autographe d’Olivier Pinault, le récit d’un entretien que le lieutenant de police Bertin eut en octobre 1758 avec un médecin parisien nommé Dubourg ; c’est manifestement un document historique de la plus haute valeur.

« M. le Lieutenant de police commença par lui

  1. Numéro du 1er  avril 1906.
  2. Un vol. in-f° 1771 ; on lui doit également quelques ouvrages contre les Jésuites et contre les philosophes. Olivier Pinault est mort octogénaire à Wissous, en 1787.