Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
306
histoire du mouvement janséniste

Si le gouvernement du cardinal Fleury n’eut pas raison du Parlement dans l’affaire de la Bulle considérée comme loi de l’État, il eut la satisfaction de prendre sa revanche sur la Sorbonne en la lui faisant accepter comme loi de l’Église. Le projet de remontrances de 1732 s’exprimait en ces termes au sujet de la Faculté de théologie : « La première et la plus illustre de toutes les Facultés [est] traitée avec la dernière rigueur et le dernier mépris, asservie contre ses statuts depuis onze ans consécutifs au gouvernement d’un syndic établi par la Cour ; privée depuis trois ans, et cela d’un seul coup, de plus de cent de ses docteurs qui étaient l’âme de ce corps et la force de ses assemblées (page 9). » On se souvient de ce qui s’était passé à la Sorbonne en 1717, lorsque les quatre évêques, Colbert en tête, vinrent y faire leur appel au milieu de l’enthousiasme général ; ce fut alors une véritable levée de boucliers contre la Bulle Unigenitus. Au syndic Ravechet, exilé par la Cour et mort en exil, avait succédé un autre appelant, Louis Hideux, curé des Saints-Innocents. On possède les manuscrits authentiques des thèses de doctorat soutenues durant son syndicat[1] ; on voit en parcourant ces thèses que, si la Sorbonne de 1718 n’avait pas recouvré son ancienne splendeur, elle recommençait du moins à jeter un assez vif éclat. Le docteur Boursier, auteur de la Prémotion physique, était alors son bibliothécaire, et c’est à ce titre qu’il reçut Pierre le Grand, qu’il conduisit devant le mausolée de Richelieu. Il profita de cette occasion pour suggérer au tsar l’idée d’une réconciliation des Églises grecque et latine. On y travailla sérieusement à Saint-Pétersbourg et à

  1. Deux gros volumes in-4o de la collection Adrien Lepaige.