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histoire du mouvement janséniste

préparé le travail avec un soin minutieux et avec une grande munificence. Nous avons en effet le Petit Nécrologe de René Cerveau, recueil d’articles nécrologiques dont le septième et dernier volume s’arrête à l’année 1778. On a de plus en deux énormes volumes in-4° la Table des Nouvelles ecclésiastiques de 1728 à 1760, dressée par l’abbé Bonnemare. Enfin et surtout on a le grand ouvrage de l’infatigable abbé Nivelle (1687-1761), qui a pour titre La constitution Unigenitus déférée à l’Église universelle, ou Recueil général des actes d’appel interjetés au Concile général de cette constitution et des lettres Pastoralis officii ; avec les arrêts et autres actes des Parlements du royaume qui ont rapport à ces objets ; 4 volumes in-folio, Cologne, aux dépens de la compagnie, 1757. Cette admirable publication donne les noms de plus de dix mille appelants, et elle transcrit par centaines des actes que l’on irait chercher bien loin. Parmi les sources modernes, il faut placer au premier rang les archives de la Bastille, conservées à la Bibliothèque de l’Arsenal ; c’est un véritable martyrologe, et l’on voit en les lisant quelle était la cruauté de l’ancien régime, et combien il faisait peu de cas du droit des citoyens à la liberté.

Les ordres religieux français, délivrés par la mort de Louis XIV de l’insupportable joug des Jésuites, protestèrent contre la Bulle Unigenitus avec un ensemble extraordinaire ; mais Rome et le gouvernement, d’abord étonnés et comme étourdis, ne tardèrent pas à se ressaisir. Après l’accommodement de 1720, et surtout après la déclaration si peu sincère de 1730, le cardinal Fleury et les Constitutionnaires mirent tout en œuvre pour contraindre les religieux à se rétracter et à révoquer leur appel à l’exemple de la Sorbonne