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histoire du mouvement janséniste

son histoire, au cours même du xviiie siècle, on put noter quelques sursauts d’indépendance, quelques velléités d’opposition et de protestation contre ce qui s’était fait en 1745.

Les Lazaristes, ou prêtres de la Mission, étaient au moment de l’appel dans une situation assez analogue à celle des Doctrinaires. Leur supérieur général, nommé Bonnet, était en instance pour obtenir enfin la béatification et la canonisation de l’illustre Monsieur Vincent, leur instituteur mort depuis soixante ans. Prendre parti contre la Bulle, c’était tout compromettre ; l’accepter, les Lazaristes ne s’y résignaient pas. Ils se tinrent donc sur la réserve et gardèrent le silence, comme s’ils n’avaient jamais lu dans l’Évangile : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ». Le cardinal de Noailles considérait leur supérieur comme un fourbe, et il avait pour lui le plus profond mépris. En 1724, trente-cinq lazaristes protestèrent par un acte authentique contre toute acceptation de la Bulle et ils furent en butte à la fureur de leur supérieur général qui les désavoua publiquement. En 1729, si l’on en croyait l’auteur des Nouvelles ecclésiastiques, on faisait circuler dans les maisons de la Mission une formule d’acceptation de la Bulle approuvée par quatre cents Lazaristes et qui serait à tout le moins originale. On en retranchait le préambule tout entier comme insoutenable ; on y déclarait Quesnel un saint, et on jugeait les cent une propositions très catholiques, mais condamnables après les tortures qu’elles avaient subies.

Enfin parut, dans les derniers jours de décembre 1737, la Bulle de canonisation de saint Vincent de Paul, publiée d’une manière irrégulière par les soins de Vintimille. Il s’agissait de glorifier un ange de la charité que tous les partis voulaient voir placé sur les