Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 2.djvu/13

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Fleury et Boyer pesaient de tout leur poids sur le successeur de Noailles, sur l’archevêque de Vintimille, qui aurait été volontiers modéré, mais qui souhaitait ardemment de mourir cardinal, et qui devenait violent quand ses maîtres faisaient, suivant son expression, « sonner la grosse cloche », quand ils parlaient au nom du roi. C’est un personnage étrange que ce prélat qui occupa le siège de Paris de 1729 à 1746, et l’histoire de ses contradictions et de ses inconséquences montre bien dans quel chaos l’affaire de la Bulle avait plongé l’Église de France. Charles-Gaspard de Vintimille du Luc, né en 1655, avait été évêque de Marseille et archevêque d’Aix avant d’être appelé par le roi, c’est-à-dire par Fleury, à recueillir la lourde succession du cardinal de Noailles en 1729. Sans être un fanatique comme Languet de Gergy, Belsunce ou Bissy, il avait fait preuve de zèle en approuvant Tencin et le concile d’Embrun, et Fleury comptait sur lui pour amener à composition le clergé de Paris, dont les douze ou quinze cents prêtres avaient pour la Bulle une aversion profonde. Vintimille débuta par un succès, car il obligea le chapitre de Notre-Dame à révoquer son appel, et il osa se vanter que dans quatre mois il n’y aurait plus à Paris un seul appelant. Or il trouva en face de lui un grand nombre de curés inamovibles qui s’étaient syndiqués et qu’il ne put jamais réduire. Ceux qui appartenaient à des ordres religieux, comme les Génovéfains Blondel et Pomard, curés de Saint-Étienne-du-Mont et de Saint-Médard, furent déplacés d’accord avec leurs supérieurs mais il en restait beaucoup d’autres contre lesquels on ne pouvait rien on se contenta de les annihiler en les entourant de vicaires et de prêtres dont on était sûr. Mais quelle étrange situation ! La première instruction pastorale du nou-