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pour le restant du prix de ladite adjudication avec les intérêts de ladite somme seulement.

« Fait et passé à Paris, ès études, l’an 1791, le 15 novembre, et ont signé la minute des présentes… »

Ainsi le domaine de Port-Royal des Champs, ou, comme disait l’administration, l’emplacement de l’ancienne abbaye, avait été mis en vente comme bien national le 11 février 1791. La mise à prix servant de base aux enchères était de 36.476 livres, et une adjudication provisoire avait donné comme acquéreur un sieur Leleu, qui en offrait 50.000 livres. L’adjudication définitive eut lieu le 3 mars, et elle fut assez mouvementée, car il fallut recourir à l’extinction de vingt-quatre feux successifs. Les sieurs Leleu, de Versailles, Riqbour, Cornu, Vaillant et Susleau, maître maçon résidant à Paris, mirent enchères sur enchères, et au vingt-quatrième feu Susleau fut déclaré adjudicataire moyennant 90,200 francs. Leleu s’était arrêté à 90.000. Susleau était le mandataire de Sébastien Rendu, et ce dernier agissait au nom de Mme Desprez. L’ancien notaire, grand’père d’Ambroise Rendu, était le chef d’une famille dont les membres étaient alors et furent dans la première moitié du dix-neuvième siècle des port-royalistes très fervents. Quant à Mme Desprez, veuve d’un maître des requêtes de la reine[1], j’incline à penser qu’elle était par son mari de la lignée des libraires de ce nom qui avaient publié jadis les Pensées de Pascal, et les ouvrages de Nicole et qui étaient riches

  1. Il est mentionné dans l’almanach royal de 1789 ; il était entré en fonctions en 1756. Voici ce que Grégoire disait en 1801 de Mme Desprez : « On trouve dans sa bibliothèque les ouvrages, dans son esprit les principes, dans son cœur les sentiments, dans sa conduite, les vertus de Port-Royal. » — Les ruines de Port-Royal, p. 12.