Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/117

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figurer cette funèbre réalité, elle évoqua une tête grimaçante, des orbites vides, des dents serrées et ricanantes. Mais la vision s’effaça d’elle-même, et Hermine ne vit plus que l’air embrasé, et les herbes du cimetière.

Ces herbes folles, qui avaient envahi les pierres, les balustrades et les croix, brûlaient et se tordaient sous la chaleur. Le bourdonnement des insectes emplissait l’atmosphère ardente et dorée. Des abeilles se blottissaient dans le calice des fleurs de mauve. Des mouches de toutes les couleurs passaient et repassaient, à brusques coups d’ailes. Des lézards parurent, se risquèrent tout près d’Hermine immobile. Une belle couleuvre ondula parmi les tombes.

Où était Jean parmi tout cela ? Où flottait le spectre léger de cet enfant dans cette nature qui recommence sans cesse le même travail avec les mêmes aspects, les mêmes formes, à croire que rien n’est