Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/136

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de muet et inexorable, qui désigne sa victime sans lui rien dire, ni sans rien dire à personne.

Autour d’Hermine, il y eut donc un peu de silence. Elle était frappée aussi, et sa personne en avait quelque chose de changé, qui éloignait d’elle, pour le moment, l’hostilité journalière. Les servantes évitaient de lui parler, la laissaient à sa songerie, ou lui parlaient pour le strict nécessaire, d’une voix contenue et discrète. François Jarry lui-même, si indifférent qu’il fût à la disparition de Mme Gilquin, évitait la rencontre d’Hermine, qui passait ses heures libres dans la chambre de sa défunte maman, et qui s’était reprise aux occupations intérieures de la maison, puisqu’on voulait bien respecter son deuil et son repos, et la laisser libre d’agir à sa guise et pour le mieux.

À table, le lendemain, le surlendemain, on mangeait sans presque rien dire. François Jarry, épais, solide, brutalement ac-