Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/172

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Elle dirait adieu aussi au pays, à ce pays qu’elle ne reverrait sans doute jamais, ou qu’elle ne reverrait que plus tard, quand elle serait bien vieille, que personne ne la reconnaîtrait plus, que tous ses persécuteurs seraient morts ou dispersés.

Elle pourrait alors revenir, et cette idée du retour, un jour, dans bien longtemps, lui souriait malgré tout. Elle n’habiterait pas la pleine campagne, où elle ne serait pas en sûreté, où elle risquerait d’avoir peur, mais elle trouverait un logis au village, où elle vivrait ses jours jusqu’à la fin en toute tranquillité. Au village, on n’est pas seul. On vit parmi un va-et-vient de gens, on échange des bonjours et des bonsoirs, il y a des boutiques, pas beaucoup, mais enfin il y en a quelques-unes, la boucherie, la boulangerie, l’épicerie-mercerie. C’est très gai de voir les devantures, avec de la viande, du pain, des étoffes, des