Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/19

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par le soleil. Tout à l’heure seulement, quand la cloche de l’Angelus sonnera le déjeuner, à l’ombre de la haie de têtards qui clôture le champ, les paroles coutumières seront échangées, les préoccupations habituelles se feront jour.

La bouche pleine de pain et de lard, ils se communiqueront leurs réflexions mille fois ressassées sur leurs travaux et sur les saisons, ils exprimeront leurs méfiances et leurs doutes au sujet des profits possibles, ils se plaindront des impôts, les plus bavards médiront de leurs voisins de village, les plaisanteries brutales, les attouchements hardis des jeunes assailleront les filles et les femmes, lutinées déjà par les coups d’œil obliques et les propos sournois des vieux, pareils à des faunes.

Puis, la dernière bouchée avalée et la dernière gorgée bue, tous s’étendront, face au ciel, le mouchoir sur le visage. C’est