Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/241

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Toujours est-il que dans la mesure de son humble pouvoir, elle cherchait à alléger son malheur. Elle facilita les rentrées au grenier de Pyrame, le détachant lorsqu’il geignait à la chaîne.

Quand le mal ne torturait pas trop Hermine, elle s’accommodait de cette vie, entre le chien qui la regardait comme si elle avait été pour lui tout l’univers, et cette servante qui ne lui disait jamais rien, et chez laquelle elle apercevait une bonté complaisante. Surtout la pensée de Jean la faisait vivre avec héroïsme et joie cette existence de solitaire et de martyre.

Pendant les jours qui se passèrent ainsi, sa sensibilité alla s’exaltant. Elle devint une possédée de l’idée fixe, perdue dans le songe, écrivant parfois, pensant à Jean. Son mari, qui avait voulu la mortifier et la torturer, ne se douta pas que les heures qu’elle vivait là étaient les plus chers instants de sa vie de femme.