Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/29

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la foudre tombant sur leur maison, l’orage dévastant leurs moissons, les avaient souvent désespérés, les avaient rendus humbles et craintifs devant le destin.

Toutefois, depuis que Pierre Gilquin avait épousé Simonette Anceleau, nièce d’un curé des environs, la guigne semblait les avoir quittés pour toujours. Les bonnes gens disaient que le bon Dieu de M. le Curé avait mangé la guigne des Gilquin, et cela était vrai. En peu de temps, Pierre Gilquin avait connu non seulement la prospérité complète, mais le bonheur tranquille. Désormais, son surnom n’avait plus de raison d’être, mais on continuait à l’employer par habitude. Et puis, la malechance pouvait revenir.

Les Gilquin avaient donc tout pour être parfaitement heureux, parmi leurs bêtes et leurs serviteurs, tout, sauf un enfant à dorloter et à élever : « Un restant de déveine », — disait-on. Quand Hermine vint au monde,