Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/78

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» Tout est isolé, abandonné, mort.

» C’est le sommeil profond enfoui sous la neige, pendant que font rage au dehors la bise qui mord, le vent qui glace.

» La feuille qui paraît survivre est confite dans le givre.

» Les lignes d’arbres sans verdure semblent des défilés de condamnés au bûcher.

» Les oiseaux se sentent perdus, enfermés par cet horizon de fer : ils hésitent à parcourir l’atmosphère obscure, ils n’osent planer au-dessus de ce désert stérile.

» L’insecte, s’il a pu se sauver à temps, s’est retiré du monde. Il chemine sous terre, ou bien il dort.

» Tout est sans couleur, de la même teinte morte.

» C’est la planète d’autrefois, la Terre avant la venue de l’homme, avant l’organisation des éléments.

» Le Soleil ne se montre que masqué de brumes. Caché au loin, il délaisse et raille