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LE MALENCONTREUX.

qui tenoit dans ses bras un petit enfant de dix ou onze mois ; je lui demandai ce qu’elle vouloit. Je viens, me dit-elle, vous rapporter votre enfant. — Comment ! mon enfant ? — Vraiment oui, le voilà ; je l’ai bien nourri, je vous le remets en bonne santé. — Vous vous trompez, ma chère ; je n’ai point d’enfans, je vous assure. — Mais n’êtes-vous pas M. de Kerkalis ? — Oui. — Eh bien ! voilà votre garçon ; c’est madame D***, soi-disant, qui est sa mère ; elle m’a dit que vous étiez son mari, et que je n’avois qu’à vous apporter l’enfant, quand il seroit sevré ; tenez, v’là un billet de votre femme, pour vous prouver que je ne mens pas. À ces mots, elle me donna un papier ; je reconnus l’écriture de madame D***, et je lus ce qui suit :

« Je connois votre cœur, et je suis certaine que vous n’abandonnerez point cet enfant que je ne puis emmener avec moi ».

Après avoir lu ce billet, je restai stupéfait ; la nourrice, reprenant la parole, m’apprit que madame D*** avoit mis au