Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/179

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Quoi donc encore, mon ami ? lui demanda-t-elle avec émotion. — Vous imaginez bien, reprit-il, qu’avec ce caractère, j’ai dû me battre plus d’une fois… — Ah ! mon ami, ne vous battez plus, vous me feriez mourir… — Corrige-moi donc… — Ah ! que faut-il faire ? — Je l’ignore ; et, je te le répète, je ne crois pas que l’on puisse vaincre un tel défaut… — Pardonnez-moi, on le peut, j’en suis sûre à présent… — Mais, chère amie, ce matin encore, ne vous êtes-vous pas emportée contre Germain ? — Cela ne m’arrivera plus, non, jamais. — Je n’ai assurément pas le droit de m’en étonner : pauvre bon vieux Germain !… n’avez-vous pas remarqué qu’il a un œil un peu éraillé ? Eh bien ! c’est d’un coup d’ongle que je lui donnai dans mon enfance. — Oh ! c’est affreux !… — Ce qui l’est davantage, c’est que dans un mouvement frénétique, j’ai eu l’horrible malheur de lui casser le bras, il y a trois mois… — Juste ciel !… — Et cependant, je l’aime, je l’aime… comme on chérit un bon père… — Casser le bras !… — Après ce détestable em-