Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/222

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cette attitude. Ensuite, reprenant la parole : « Oui, dit-il, la licence grossière, et l’impiété intolérante ne pouvoient que m’attacher davantage à la religion. La trahison, la perfidie, la fausseté des objets que je chérissois, ont seules causé le changement qui vous étonne… Vous imaginez peut-être qu’une passion romanesque me retenoit dans ce cabinet où j’entendois, où j’écoutois Caliste ? mais à l’époque dont je parle, je n’étois occupé que du bonheur de faire une bonne action ; c’étoit surtout l’extrême piété et l’infortune de ces deux femmes qui m’inspiroient un si vif intérêt ; j’aimois à trouver dans leurs entretiens les preuves les plus touchantes de l’utilité de la religion ; en les écoulant je m’affermissois dans tous mes principes, je me plaisois sans doute à penser que Caliste étoit belle, mais il me suffisoit de le savoir. L’imagination m’offroit d’elle une idée vague et céleste, c’est ainsi qu’on se représente les anges. Tous les soirs je rentrois avec la précaution d’ouvrir doucement ma porte, et de ne pas faire le plus léger bruit, afin