Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On appela l’auteur, qui vint et reçut les complimens d’usage avec modestie et simplicité. Madame de Nelfort lui demanda la chanson par écrit ; elle fut distraite tout le reste de la soirée ; le chevalier, toujours aussi réservé, se tint constamment éloigné d’elle. À minuit, elle se retira. Aussitôt qu’elle fut seule dans sa chambre, elle tira la romance de sa poche et la déploya avec émotion ; elle étoit écrite de la main du chevalier, et même il l’avoit signée. Il y a une espèce de charme magique dans l’écriture et dans le nom écrit d’un objet qui intéresse vivement… madame de Nelfort, sans rien lire, fixoit les yeux sur ces dangereux caractères, et surtout sur ce nom de Luzi… Après l’avoir contemplé quelques minutes, elle se mit à lire la romance et à méditer sur chaque couplet. Elle remarqua que la chanson étoit faite de manière que tout ce que disoit l’Amour pour sa défense et pour sa justification, pouvoit s’appliquer au chevalier de Luzi, en supposant qu’il fût amoureux d’elle ; supposition qu’une femme hasarde tou-