Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 2, 1804.djvu/458

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vous verrai partir avec tant de peine ! — Retenez-moi, si vous l’osez… — Ce seroit donc une action bien hardie ? Vous m’effrayez. — Que me diriez-vous pour me retenir ? — Un seul mot : Restez. — Il suffiroit, car ce mot dans votre bouche, et dans la situation où je suis, exprimeroit, promettroit tout. — J’allois vous le dire sans en prévoir la conséquence… — Mais à présent que vous êtes avertie du sens que j’y attacherois, vous vous en garderez bien ? — Il faut au moins y réfléchir. — Tous vos premiers mouvemens me sont contraires, je n’attends rien de mieux de vos réflexions… ainsi demain, avec l’aurore, je serai sur la route de l’Angleterre… Je m’embarquerai à Dieppe, j’ai retenu le vaisseau dans lequel nous avons fait une promenade ensemble, je veux m’y retrouver encore !… Cet entretien fut terminé là, parce que tous les palanquins se rapprochèrent et s’arrêtèrent sur les bords d’un immense canal entouré d’acacias et couvert de barques dorées, illuminées avec des lanternes de couleur, et conduites par des hommes