Page:Genlis - Nouveaux contes moraux et nouvelles historiques, tome 3, 1802.pdf/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
LE BONHOMME.

qu’il en mourroit de désespoir. — C’est ce que me disoit Rossignol, son coureur : Si ce mariage ne se fait pas, dit-il, M. le chevalier se tuera… — Ô ciel ! il en seroit capable ! cela fait frémir. — Un coup de pistolet est bientôt lâché… — Quelle horreur ! Pauvre chevalier !… Ah ! l’on doit se conduire avec courage, quand on est si passionnément aimée !

Cet entretien fut interrompu, et repris par madame de Béville. Une demi-heure après, le chevalier survint. On tint conseil, et après une longue discussion, il fut décidé qu’Isaure, afin de ne pas aigrir le baron, ne rejeteroit point la proposition d’épouser M. de Férioles, mais qu’elle demanderoit le temps de le connoître, en promettant une réponse au bout de trois ou quatre mois : on convint encore qu’Isaure, ainsi que dans la comédie de la Fausse Agnès, mettroit tous ses soins à déplaire au Provincial, cependant avec mesure et finesse. Ce plan, inventé par le chevalier, répugnait un peu à la franchise naturelle d’Isaure ; mais ce scrupule parut si bizarre, on en